Chaque nuit, elle pensait au Samedi sous la terre et au parfum des flammes. Pour mieux se souvenir de ses caresses, elle ouvrait une boîte à onguents. Elle enduisait son ventre et ses seins de pommade. Les grains de pavot qui épaississaient la préparation mouchetaient son corps de tout petits insectes gracieux. [p. 53]
À TRAVERS quatre tableaux, le lecteur est invité à suivre
Madeleine après la mort de Jésus. Depuis la Madeleine aux deux flammes à celle
au miroir, en passant par celle à la flamme filante et La Madeleine à la veilleuse (peinte par George de La Tour), une
femme, puis une mystique, se révèle. Aimée, pourchassée, incomprise, ou sereine
enfin, elle voyage, guidée par ses souvenirs et sa ferveur. Chaque partie du
texte apparaît comme une escale, une image animée en quelques gestes. Il se
passe peu de choses, les faits important peu à Madeleine, leur préférant l’intériorisation
ou la contemplation.
La contrainte d’écriture aurait pu s’arrêter à cette inspiration
picturale, mais vient s’y ajouter celle de la collection Essences d’Actes Sud : le parfum doit avoir une grande
importance dans le récit et en être l’initiateur. Peut-être cela explique-t-il
le choix de cette figure féminine par Cécile Ladjali : celle qui parfuma
le Christ. Ce souvenir est narré dans le premier tableau, puis hante tous les
suivants, comme un ombre bienveillante ou tourmentante.
Le traitement littéraire du parfum ne se limite néanmoins
pas à cet épisode et se poursuit en tant qu’association à l’homme aimé et, par
extension, à Dieu. Cela donne au texte une dimension très sensuelle, liée aux
sensations terrestres, en dépit de l’aspiration de Madeleine à la mysticité et
au détachement. Bien plus que la sainte, j’ai lu la femme sous la plume
poétique de Cécile Ladjali
Une découverte littéraire sous le signe d’une double
inspiration-contrainte.
NOTE | Autour de Cécile Ladjali : j’ai le plaisir de
partager la lecture de cette auteure avec Marilyne, qui vous présente quant à
elle Ordalie.
Corps et âme de Cécile Ladjali
Actes Sud (Arles), coll. Essences, 2013 – 1re
publication
La figure de Marie Madeleine m'a toujours fascinée. Je ne peux donc qu'être tentée par ce titre, d'autant que la langue, en plus du parfum, semble participer d'une belle sensualité. Et la cerise sur la gâteau : l'objet en lui-même semble joliment travaillé.
RépondreSupprimerTu as raison sur tous les points. ;) C'est un très beau livre, en tant qu'objet, joliment travaillé, et d'un point de vue littéraire, avec le style poétique de Cécile Ladjali. Je pense qu'il pourrait te plaire, surtout si tu t'intéresses à Marie Madeleine.
SupprimerIntéressant... :-)
RépondreSupprimerEt tentant ?
SupprimerOui oui, mais je pense que je commencerai par Ordalie, l'histoire me plait bien. Belle journée.
SupprimerLes thèmes d'Ordalie m'intéressent aussi, je poursuivrai peut-être ma lecture de l'auteure avec celui-là.
SupprimerBelle journée.
Je suis tentée par cette collection, je ne parviens pas à choisir un titre. Mais peut-être que si tu avais envie d'en découvrir un autre, cela me déciderait à... me décider ^^
RépondreSupprimerJ'ai très envie de poursuivre dans cette collection, sans savoir encore quel titre. Il y en avait trois chez le bouquiniste, mais celui-ci est le seul qui m'avait vraiment convaincue ; je te tiendrai au courant pour te décider. ;)
SupprimerD'accord. J'ai regardé, je crois savoir par lequel je me laisserai tenter ^^
SupprimerLequel ?
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