APRÈS le succès de sa Pietà, Michelangelo se voit confier
par le pape Jules II un projet prestigieux, la réalisation de son tombeau, pour
lequel il doit se rendre à Carrare afin de choisir les marbres qui le
composeront. Cette période d’un an dans la vie du sculpteur est celle que Léonor
de Récondo a choisi de représenter et d’imaginer. Contrairement à d’autres romans
historiques mettant en scène un artiste, comme Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants de Mathias Enard ou
Le Turquetto de Metin Arditi,
celui-ci n’a rien de grandiose et n’exalte pas la grandeur de Michelangelo. L’artiste
est dépeint avant tout de manière très humaine, avec tous les doutes et peurs
que cette condition amène généralement.
« La mort fait l’éloge de la vie comme la nuit celle du jour. »
Il survole d’autres canzones afin d’effacer le goût amer qui ruisselle dans sa bouche. Au hasard des pages, son regard se pose sur un petit paragraphe où le poète évoque la suprématie de la beauté éternelle sur la beauté mortelle. Lui-même, que croit-il vraiment ? La beauté éternelle n’est-elle pas moins bouleversante que celle condamnée, mais bien vivante ? [p. 72]
Il est question de vie et de mort, d’éphémère et d’éternité,
de beauté, d’amour et de deuil – des thèmes que j’ai ensuite retrouvé dans la
poésie de Michelangelo, dont j’ai relu quelques fragments suite à cette lecture
– dans ce roman très intimiste. Loin des grandes villes, l’intrigue se déroule
dans des lieux clos sur eux-mêmes, propices à l’intériorisation, ainsi qu’au surgissement
des souvenirs : un couvent, un village et une carrière. Là comme ailleurs,
parmi la foule plus ou moins bien intentionnée, se cachent des êtres d’exception,
des rencontres qui sauront toucher Michelangelo.
Excepté quelques rares passages liés à l’art, il est donc
avant tout question de sentiments humains universaux, qui recèlent énormément d’émotion.
Léonor de Récondo a parfaitement su maîtriser celle-ci et la distiller avec
justesse. Son écriture d’une grande délicatesse transmet aussi bien la violence
de la colère de Michelangelo que la douceur d’une main d’enfant dans la sienne
ou l’étonnement d’un cœur qui s’ouvre à la tendresse.
Un roman tout en justesse et en délicatesse.
Sabine Wespieser éditeur (Paris), 2013 – 1re
publication
Également disponible dans l'édition de poche Points
Également disponible dans l'édition de poche Points
C'est un roman que j'ai envie de découvrir, j'espère pouvoir l'emprunter à la mediatheque, le sujet et l'époque sont intéressants
RépondreSupprimerCa ne m'étonne pas pas que le sujet t'intéresse, c'est aussi ce qui m'a attirée. J'espère que tu le trouveras.
SupprimerDéjà repéré, déjà noté. Pas de souci!
RépondreSupprimerJ'attends ton avis !
SupprimerJe n'ai lu que ta dernière phrase puisque cette lecture est toujours en attente mais j'ai bien compris que si j'avais lu le billet dans son intégralité, j'aurais envie de me précipiter...
RépondreSupprimerTu as eu raison, j'ai fait de même avec l'article de Flo, lu seulement après ma lecture. Je pense que ce roman a tous les atouts nécessaires pour te plaire.
SupprimerJe ne savais pas pour les poèmes de Michelangelo : je note et vais voir si ma biblio les a (sinon, étant donné la collection, j'ai l'excuse toute prête ;).
RépondreSupprimerJ'espère que Marilyne aimera tout autant que nous (je n'en doute pas vraiment en fait), afin que nous soyons à nouveau réunies autour d'un livre :)
Très bel avis qui me donne encore une fois le sentiment que ce livre fait plus son chemin auprès des lecteurs "lambda", voire des libraires, que sous les projecteurs des medias. Serait-il trop discret (sujet, écriture) ?
Pour être tout à fait franche, ses poèmes ne m'ont pas paru exceptionnels (traduction non rimée dans mon édition). C'est une curiosité plutôt qu'un indispensable.
SupprimerJe l'espère aussi pour Marilyne, cet ouvrage mérite notre entente si exceptionnelle, aussi discret soit-il. Peut-être est-ce l'auteure qui n'est pas encore assez connue ? Ou le sujet trop éloigné des tendances actuelles ? (les romans que je cite ont pourtant eu leur petit succès, de même que le Gaudé l'an dernier)
Bon, je "dé-note" ;)
SupprimerLe problème, en France, ce sont les prix littéraires d'automne qui font que soit ton éditeur a décidé (et a les moyens) de tout miser sur toi, soit tu as une "personnalité" voyante (ou alors tu as écrit un bouquin racoleur/à la mode/etc.) Le reste est englouti dans la centaine de bouquins paraissant en quelques mois : tu comprends mon problème avec la rentrée littéraire...
Pour ce qui est des tendances, ma librairie avait monté une vitrine sur la rentrée littéraire dédiée aux livres "de l'intime". On y trouvait pas mal de biographies romancées (dont "Pietra Viva"), justement très représentée lors de cette rentrée. Mais comme je l'écrivais ci-dessus : je crois que ce livre fait son chemin auprès des lecteurs et des libraires mais pas des media. Or, in fine, ce sont toujours eux qui ont le plus de poids en termes de ventes.
Mon erreur te montre à quel point je me suis intéressée à la rentrée littéraire (j'ai le même problème que toi et ai décidé de ne pas accorder plus d'attention que d'habitude aux parutions). Je n'ai pas vu plus de biographie romancée que ça, peut-être parce que ce n'est pas un genre qui m'attire plus que ça.
SupprimerCe chemin fait auprès des lecteurs lui apportera peut-être un prix des lecteurs par la suite (ou le prix du match de la rentrée littéraire ? Il semble apprécié d'après les commentaires)
J'avais aimé mais avec quelques réserves son roman précédent "Rêves oubliés". Ton billet m'incite à faire confiance à ce roman--ci...
RépondreSupprimerJe vais aller lire ton article, j'aimerais découvrir son précédent roman, en en attendant un suivant. A priori, sans savoir ce qui t'a gêné dans le précédent, je te conseillerais sans réserve celui-ci.
SupprimerBonjour Mina, je compte bien lire ce roman car le sujet m'intéresse et j'ai lu beaucoup de bien le concernant. Bonne fin d'après-midi.
RépondreSupprimerBonjour Dasola. Je te souhaite une aussi agréable lecture qu'à moi, ce roman mérite tout le bien qu'on en a dit. Bonne soirée.
SupprimerJe le note avec très grand plaisir Mina, je l'ai vu chez Laurent et une autre blagueuse et je l'avais noté immédiatement. Je suis ravie qu'il intègre le non-challenge. Merci infiniment de ta participation.
RépondreSupprimerMerci à toi pour ce projet. J'espère que tu apprécieras autant que moi et ces autres blogueurs ce très beau roman.
SupprimerIl a intégré ma PAL à peine arrivé en rayon ;)
RépondreSupprimerJe serais presque tentée de le racheter en poche avec cette si jolie couverture... :)
SupprimerJ'avais adoré ce roman ! ! Quelle poésie, quelle force ! Léonor de Récondo a été inspirée par l'oeuvre de Michel-Ange et par sa vie et ça se sent ! ! On ressent toute sa passion à travers les pages du roman. Un bon souvenir.
RépondreSupprimerhttps://www.instagram.com/lesbooksdalittle/
Cela reste un très bons souvenir pour moi aussi, et j'ai offert ou conseillé le roman quelques fois.
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